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Roland Kermarec - Espoirs Démocrates

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Roland Kermarec - Espoirs Démocrates
7 juin 2012

La Paille, la Poutre et l'Affiche

Je me suis engagé dans la campagne des Législatives 2012 aux côtés de Bruno Dubos, candidat du Centre pour la France sur la circonscription d'Agen-Nérac, au titre de "Directeur de Campagne Internet". Passionnante et prenante tâche que celle-ci : la communication est une science relativement inexacte mais qui, puisqu'elle n'en est qu'à ses balbutiements sur internet et sur les réseaux sociaux en particulier, mérite des essais divers et des approches relativement nouvelles, ce qui en fait son charme et son intérêt pour moi.

  

Bruno 2012

  

Ces derniers jours, on a pu nous reprocher de nous être rendus coupables d'affichage sauvage. Un article de La Dépêche nous a d'abord accusés, photo à l'appui, d'avoir tapissé les murs des Cornières de nos affiches : tout oeil exercé un tant soit peu aurait pourtant remarqué que le candidat de cette "photo à l'appui" avait été photographié dans les rangs de l'Assemblée Nationale. Or, il ne vous aura pas échappé qu'à ce jour, Bruno Dubos n'y siège pas encore !
  
La Dépêche
    
    
Quelques jours plus tard, la candidate investie par le Parti Socialiste nous reprochait à son tour (sur un article de son blog) de recouvrir allègrement chaque recoin disponible de la circonscription. Là aussi, une photo soutenait la démonstration. Patatras, s'il y avait bien une affiche sauvage à ne pas photographier en guise d'exemple, c'était bien celle-là, puisqu'il s'agissait d'une affiche qu'un particulier avait disposée en toute légalité sur une palette au bout d'un chemin privé lui appartenant...
  
  
affichage_dubos_02

 
Pourtant, nous ne prétendons nullement, pour notre part, jouer aux parangons de vertu et asséner des leçons de morale aux autres candidats en matière d'affichage sauvage. Nous reconnaissons même aisément que nous avons nous aussi participé à ces collages "hors normes" çà et là : nous ne sommes donc en la matière pas blanc comme neige ou comme un panneau d'affichage vierge. Pour ma part, je suis même fermement opposé à toute forme d'affichage sauvage, quelles que soient les justifications plus ou moins contournées qu'on peut dénicher pour le pratiquer. Quiconque voudrait des preuves de notre grande culpabilité n'aurait d'ailleurs nul besoin d'aller farfouiller sur les blogs ou les sites des autres candidats puisque, par souci de transparence comme d'auto-dérision, nous avons publié une photo à conviction... directement chez nous !
  
 
Collage 27 mai
Soins aux électrisés

 
Puisqu'on souhaite à présent nous faire jouer le rôle des grands méchants de l'affichage, un simple coup d'oeil sur les photos qui suivent fera aisément comprendre que certaines blanches colombes devraient opérer du tri sélectif dans leurs propres rangs avant de s'en prendre à un concurrent. Tout le monde y gagnerait et leur dirait merci, à commencer par l'environnement !
  
Chocolat
 Une tablette de chocolat ?
  

  
Transfo
Le transfo politique
  
  
The wall
The Pink Wall
  
     
La plus belle pour la fin : la politique, ou l'art du recyclage :
   
Lousteau recyclée
 
Conclusion : On voit la paille dans l'oeil de son voisin mais pas la poutre dans le sien, disait l'Evangile. A méditer... pour que les esprits se posent et cessent de s'échauffer.
   
Pour ceux que cela intéresse, le texte complet extrait du livre de Matthieu, chapitre VII :
   

La Paille et la Poutre

Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés. Car c'est avec le jugement par lequel vous jugez qu'on vous jugera, et c'est avec la mesure à laquelle vous mesurez qu'on mesurera pour vous. Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? Ou bien comment peux-tu dire à ton frère: "Laisse-moi ôter la paille de ton oeil", alors que dans ton oeil il y a une poutre ? Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton oeil ! Alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère.
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5 mai 2012

To leave the ballot blank

Le jeudi 3 mai, au lendemain du débat télévisé qui opposait Hollande et Sarkozy, débat que je n'ai d'ailleurs pas tenu à regarder, François Bayrou a exprimé sa position pour le second tour des Présidentielles. Je ne le cacherai pas, dans mon for intérieur, à l'issue de cette déclaration, un certain désarroi m'a envahi. Et j'ai essayé, j'essaye de comprendre, point par point.


 

 

Quelques jours auparavant, très rapidement après le scrutin du premier tour, François Bayrou a taclé sévèrement Nicolas Sarkozy sur les dérives extrêmistes de sa politique, et je ne peux évidemment qu'approuver ces condamnations sans appel, très dangereuses pour notre pays, pour l'unité dont nous avons besoin : monter les citoyens les uns contre les autres, attiser les peurs, faire la course derrière le Front National pour finir parfois par le dépasser sur certains sujets est évidemment inadmissible, et l'idée de voter pour Nicolas Sarkozy ne m'a jamais effleuré, ni de près ni de loin. Après tout, avant de voter pour un candidat depuis quelques années, j'ai bien longtemps voté contre un parti, le FN. Je soutiens donc pleinement cette déclaration de François Bayrou : "La ligne qu’a ainsi choisie Nicolas Sarkozy entre les deux tours est violente, elle entre en contradiction avec les valeurs qui sont les nôtres, pas seulement les miennes, pas seulement celles du courant politique que je représente, mais aussi les valeurs du gaullisme, autant que celles de la droite républicaine et sociale." Sarkozy out, j'approuve, oui, sans la moindre ambiguïté, et c'est d'ailleurs cette raison déjà qui m'avait poussé à voter pour Ségolène Royal en 2007 quand, dans le même temps, François Bayrou votait blanc.

 

Dans un second temps, François Bayrou a déclaré "Reste le vote pour François Hollande. C’est le choix que je fais." Je note tout d'abord que cette prise de position est courageuse. Courageuse parce que, en dépit de certains fortiches qui prétendent toujours avoir tout deviné avant les autres, elle est relativement inattendue et marque une certaine rupture avec la manière dont le Centre a vécu jusque là. Courageuse parce que François B. a estimé qu'il fallait marquer ainsi son rejet des antivaleurs de Sarkozy. Courageuse parce que, une fois de plus, il choisit sans doute la voie la plus difficile qui soit.

 

Prise de position courageuse, par conséquent, oui. Mais dangereuse aussi, à mon sens. Rapidement hélas, dans l'opinion publique, dans beaucoup de textes et de commentaires publiés sur Internet, chez certains médias, son discours s'est résumé à cela : son vote en faveur d'Hollande. Les railleries, les sarcasmes, les insultes n'ont cessé de pleuvoir alors, et les termes de soutien ou de ralliement sont souvent évoqués. Simplification habituelle des propos, résumés fallacieux, puisque c'est oublier cette portion essentielle du discours tenu :

"J’ai dit ce que je pensais [du] programme économique [de François Hollande]. Je ne partage pas ce programme : je pense que ce programme est inadapté à la situation du pays et encore plus à la crise qui vient, que j’ai annoncée, et que je crois certaine. [...] Je ne suis pas et ne deviendrai pas un homme de gauche. Je suis un homme du centre et j’entends le rester.

Et je suis certain que le jour venu, il faudra aussi qu’une partie de la droite républicaine soit associée à ce qu’il va falloir faire pour que la France s’en sorte. Par mon choix, je rends possible pour la première fois depuis longtemps cette union nationale, la vraie mobilisation des Français au service de la France. Il appartiendra à François Hollande, s’il est élu, de réfléchir à la situation et de prendre en compte cette nécessité pour le pays. S’il en reste à la gauche classique et à son programme, je serai un opposant, dans une opposition vigilante et constructive. Il faudra une opposition constructive, mais déterminée, quand il s’agira d’empêcher les erreurs annoncées."

 

Nulle volonté de "voter pour le gagnant", comme j'ai pu entendre certains éminents journalistes politiques le faire, encore moins le désir de quémander tel ou tel poste dans un futur gouvernement socialiste. François Bayrou n'est pas devenu de gauche, pas plus qu'il n'était auparavant de droite, malgré les certitudes des Messieurs-je-sais-tout (les mêmes qui avaient prédit qu'il basculerait à gauche etc.) Mais son positionnement sera-t-il compris ainsi, a-t-il même été entendu une fois que les mots "vote Hollande" étaient prononcés ?...

 

Je conserve tout mon soutien à François Bayrou, mais c'est avec une certaine inquiétude que je regarde vers l'horizon du centre. Je crois que François B. pense encore que Hollande va être sensible à sa position et qu'il va infléchir sa politique. Mais, même si j'espère me tromper et montrer ainsi que j'étais plus pessimiste que lui, je crois qu'il fait erreur. François Hollande n'a que faire de sa parole et, quand bien même les circonstances devraient l'amener (et elles l'y amèneront obligatoirement) à suivre finalement sans l'avouer une politique plus proche de celle de Bayrou, l'arrogance qui monte ne présage rien de bon.

 

J'ai longuement envisagé l'hypothèse de me prononcer pour François Hollande, moi qui ai commencé ma carrière d'électeur en soutenant l'idéal de François Mitterrand : malgré tout le mal qu'on a pu dire de ce dernier, j'y étais et j'y reste très attaché, pour l'homme d'état qu'il représentait, digne représentant de notre pays à travers le Monde, pour l'immense culture qui était la sienne, pour l'abolition de la peine de mort qu'il a fait voter, pour son action en Europe. J'aimais beaucoup et j'aime encore ce qu'a représenté pour moi "Fainch Mit' ", comme on disait chez moi. J'ai voté pour Jospin, j'ai âprement désiré que Jacques Delors se présente aux Présidentielles, ne comprenant que fort longtemps après que, si j'avais été si déçu au fond de moi de son renoncement, c'est que, finalement, il était très proche des valeurs que défendait déjà en partie François Bayrou, que je ne connaissais pas alors.

 

Tout devrait donc me conduire à voter Hollande. Mais non, je ne le ferai pas. Je ne le peux pas. Le 6 mai, je voterai blanc et c'est un choix difficile, pour moi qui suis attaché à l'expression démocratique dans les urnes et n'ai jamais voté ainsi auparavant. François Bayrou dit "Je ne veux pas voter blanc. Cela serait de l’indécision. Dans ces circonstances, l’indécision est impossible." Là, non François, je ne suis pas d'accord : on ne peut pas avoir défendu l'idée que "les bulletins blancs seront pris en compte dans le calcul des suffrages exprimés"  dans le projet de moralisation de la vie publique et parler maintenant d'indécision, ce n'est pas possible. Le vote blanc n'est pas de l'indécision, François, quand aucun des autres choix qui nous sont proposés n'est responsable : à l'humainement irresponsable de Sarkozy répond l'économiquement irresponsable de Hollande.

Je voterai donc blanc parce que, se prononcer pour Hollande, ce serait cautionner sa politique économique désastreuse. Je voterai blanc parce que voter Hollande, ce serait accepter docilement qu'il reprenne à son compte nombre d'idées de François B. en se les appropriant tranquillement (la moralisation de la vie publique, justement). Je voterai blanc en dépit des consignes de vote du FN. Ici et là, j'entends dire qu'il n'est pas sain de voter blanc alors que Le Pen a demandé à ses électeurs de voter blanc également. Je n'ai que faire des consignes de Le Pen. Comme le disait la chanson des Béruriers Noirs : la jeunesse emmerde le Front National.

 

 

Le Front National n'a pas le monopole des valeurs prétendument défendues par Jeanne d'Arc, le Front National n'a pas le monopole des valeurs portées par le drapeau tricolore, il ne rend pas tabou ou impur un thème ou un sujet à partir du moment où il a décidé de se l'approprier. De la même façon, Le Front National n'a pas le monopole de la signification et de la portée du vote blanc. Dire l'inverse reviendrait à courber l'échine, à s'incliner et à céder face aux idées de ce parti extrêmiste, à indiquer que c'est lui qui mène la danse, ce que je ne ferai jamais : j'emmerde le Front National.

 

Le dimanche 6 mai, je voterai donc blanc, en mon âme et conscience, comme le dit la formule (stupide , creuse et passe-partout, soit dit en passant, tout comme dans le secret de l'isoloir...) Je ne souhaite pas être partiellement responsable de la débâcle qu'entraînerait l'application réelle de l'intenable programme socialiste. Je souhaite encore moins contribuer partiellement à un vote massif en faveur de Hollande, qui entraînerait une poussée d'arrogance déjà régulièrement perceptible en lui donnant ainsi carte blanche pour appliquer son programme irresponsable. Je veux observer les désillusions inévitables et la gueule de bois qui va toucher notre pays sans m'en sentir aucunement coupable politiquement. Et par dessus tout, quitte à être plus bayrouiste que François Bayrou lui-même, quitte à être le membre d'un clan qui s'étiole progressivement, je souhaite l'existence d'un vrai centre dans notre pays, un pôle indépendant, épris d'humanisme et de liberté. C'est la seule voie en laquelle je crois.

P.S. : "to leave the ballot blank" est, sauf erreur de ma part, l'expression anglaise qui signifie "voter blanc". A moins que je n'abandonne l'idée d'ici là, j'en reparlerai dimanche, sur ma page FaceBook.
Voter blanc = voter Hollande, disent les uns. Voter blanc = voter Sarkozy, disent les autres. Ces gens-là devraient réaliser que, vous aurez beau tourner et retourner un bulletin blanc, vous finirez pas prendre conscience qu'il n'y a strictement rien écrit dessus, pas même à l'encre (in)dé(lé)bile... Quoique, mon bulletin ne sera peut-être pas aussi blanc que cela  :)


Post-Scriptum du 6 mai :

  

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Texte qui a accompagné ma photo sur ma page FaceBook :

"Tout cela ne fait pas très sérieux ? Hum, récapitulons, cela me semble nécessaire !

En ce dimanche électoral, j'aurais pu, c'est vrai, rouler 15 kilomètres, prendre une petite enveloppe bleue et la glisser, totalement vide, dans une urne, puis reprendre ma voiture et reparcourir 15 km dans le sens inverse. Mais avouons que, si un extra-terrestre m'observait alors depuis le tréfonds de l'espace, nous imaginons l'air circonspect qui agiterait alors ses yeux plus ou moins globuleux : il aurait de quoi réunir une cellule de crise planétaire pour débattre des motivations d'un tel geste surréaliste et mystérieux.

Aujourd'hui, dans le petit pays hexagonal de notre brave planète, le vote blanc n'est toujours pas reconnu alors que, je n'en doute pas, il sera examiné en détail pour la première fois ce soir sur l'ensemble des chaînes télévisées et par l'ensemble des "commentateurs politiques". Ne pas tenir compte d'un vote exprimé, qui montre le refus du seul choix qui nous soit offert, est selon moi une très mauvaise blague faite aux électeurs. J'ai donc préféré tenter d'en faire une bonne. Mon bulletin sera déclaré nul ? Non, c'est le système électoral actuel qui l'est. Reconnaissons le vote blanc !

Post-Scriptum aux non anglophones : "Clint Eastwood lui-même voterait blanc". Make my day !"

4 février 2012

Eduquons, c'est une insulte ?

"Eduquons, c'est une insulte ?!", disait un excellent slogan de la chaîne La Cinquième il y a quelques années.

Instruire ! Après avoir placé le verbe "Produire" au centre de la campagne (et s'être fait faucher allègrement ses idées par le PS comme l'UMP, ce qui a au moins le mérite de prouver qu'elles sont sensées), j'attendais depuis longtemps que François Bayrou lance le combat pour l'Education, pour l'Instruction, pour la Culture. C'est fait, et à la perfection, avec un programme développé, ambitieux et réaliste. Programmes à refondre et à alléger, revalorisation de l'image des enseignants à qui "il faut lâcher les basques" et pour qui la "carotte financière" n'a que peu d'importance, minimum exigible à l'entrée au collège, éclairage des priorités essentielles, etc., un discours enthousiasmant qui touche au coeur.

A mes collègues qui semblent pour beaucoup avoir laissé de côté leurs "illusions politiques", dont beaucoup avouent qu'ils vont "voter par défaut", qui semblent penser que notre avenir est déjà écrit en haut lieu (et pas à notre avantage), il est essentiel qu'ils réalisent qu'un de nos candidats pense à eux, non pas pour de simples visées électorales mais dans un but pédagogique et humaniste, de manière sincère et engagée, pour mettre en avant des orientations qui ne peuvent que tirer notre profession (et notre pays) vers le haut.

Rappelons à ceux qui raillent parfois gentiment mes positions politiques, que ce n'est pas parce que je soutiens François Bayrou que je défends ses idées, d'une manière aveugle et inconditionnelle, mais parce que ses idées sont justes et positives que je le soutiens, et ce "forum Instruire" en est la meilleure preuve.

Le discours prononcé par François Bayrou. pour l'éducation est visible dans son intégralité sur son site. Un discours responsable où l'on sent l'expertise de celui qui fut prof de lettres, et dont je cautionne la mesure qu'il a lancée comme une gageure, sa propédeutique relookée, celle de créer un bac d'excellence où la littérature ne serait plus la subordonnée mais l'égale de la Reine Mathématique, dans notre pays où les sciences constituent depuis trop longtemps la voie royale au lycée au détriment des lettres. Un discours réaliste et réalisable, plein d'espoirs et d'optimisme mais dénué de fausses promesses et de mirages aveuglants. Le discours d'un homme qui a une vision pour l'avenir de notre pays et qui connaît le chemin qui y mène.

Ci-dessous, les passages, très nombreux, que j'ai sélectionnés et qui m'ont marqué.

 

Instruire

 

Forum « Instruire », 4 février 2012, Maison de la Chimie, Paris Discours de clôture de François BAYROU

 

Nous voulons installer le verbe « instruire » dans notre pays, c'est-à-dire transmettre des connaissances, éduquer, former, nous voulons que le verbe instruire soit le deuxième verbe majeur de cette campagne électorale. Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement l'économie, ce n'est pas seulement la capacité du pays, ce qui est en jeu, c'est l'épanouissement de chacun, non seulement l'épanouissement de l'esprit, mais l'épanouissement de tout l'être et de tous les êtres.

Je suis pour la diffusion de la culture générale pour que chaque élève dispose, dans le monde complexe qui est le nôtre, de la boussole nécessaire pour se retrouver dans la prolifération des informations et former son propre jugement. Je suis pour qu’il sache se repérer dans le temps et dans l'esprit, dans sa langue et dans ses langages, dans le langage des chiffres et du calcul de la réflexion mathématique aussi bien que dans sa langue maternelle et dans les langues étrangères.   Je suis, par exemple, puisque c'est l'actualité, déterminé à rétablir l'enseignement de l'histoire en Terminale scientifique autrement que comme une option...

Je ne suis pas pour une école qui abaisse son niveau d'exigence. Je suis pour une école qui hausse son niveau d'exigence et qui met ainsi au service de ceux à qui leur milieu social ne peut pas apporter le bagage culturel nécessaire la compréhension du monde et ouvre à la reconnaissance. Rendre l'école à elle-même, c'est d'abord lui rendre le respect qu'on lui doit. Je suis pour une société qui s'affirme solidaire avec ses enseignants et non pas qui instruit perpétuellement le procès de ses enseignants. Le procès qui a été nourri ces dernières années contre eux, incessamment, par les gouvernements de gauche d'abord, de droite ensuite est, pour moi, un pur scandale moral. Ceux qui les mettent en accusation, qui disent qu'ils ne travaillent pas assez, ceux-là ne tiendraient pas deux heures en face d'une classe de collège et même quelquefois d'écoles élémentaires ! Ceux qui tiennent ces propos n'ont aucune idée de la somme de travail que représente la préparation, les corrections, les travaux divers et variés et d'abord administratifs que représentent en réalité 20 heures ou 17 heures de cours effectifs au collège ou au lycée. Je ne vois pas comment on peut, expérience faite, pour une heure d'enseignement effectif, consacrer moins d'une heure à la préparation et à la correction de toutes les copies que ces heures génèrent. À quoi il convient d'ajouter les conseils de classe, parfois de discipline, la participation aux activités et aux réunions, les charges administratives, livrets et bulletins divers et l'effort de culture et de mise à jour de toutes les connaissances nécessaires pour enseigner de manière valide, de sorte qu'il est juste et nécessaire, même contre l'opinion excitée par des démagogues, de rappeler que les enseignants travaillent sauf exception, eux, beaucoup plus de 35 heures par semaine. Les chiffres du ministère de l'Éducation nationale, qui n'est pourtant pas, le plus indulgent sur ces sujets, eux-mêmes le disent. On ne mesure pas le temps de travail d'un journaliste -et heureusement- à son temps de présence à la salle de rédaction ? On ne mesure pas le temps de travail d'un comédien à son temps de présence sur scène ni le temps de travail d'un sportif aux heures sur le terrain ni le temps de travail d'un universitaire à sa présence dans l'amphithéâtre ?! Je dis qu'il est bon qu'un enseignant, qui est allé à l'école toute sa vie, puisse en plus en même temps rencontrer le monde, les livres, l'univers Internet, puisse enrichir hors les murs ce qu'il apportera à l'intérieur des murs de l'établissement. Enseigner, contrairement à ce que la mode voudrait nous faire croire, à droite et à gauche, n'est pas un travail assujetti à la pointeuse. C'est un travail d'enquête, d'enrichissement et de transmission.   

  

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La France a des résultats très inquiétants : on recule en compréhension de l'écrit, on recule en mathématiques, on recule en sciences. On est presque le dernier des pays de l'OCDE en inégalités scolaires. L'investissement dans l'école, dans la formation, dans l'éducation, dans la recherche, c'est aussi le meilleur investissement pour la nation. C'est pourquoi je veux prendre devant vous un engagement, pour les cinq années à venir : je garantirai le maintien des moyens existants et cette garantie des moyens, remplacements poste pour poste en cas de départ à la retraite, ce sera un grand effort pour la nation, mais c'est un effort nécessaire, c'est le meilleur investissement que nous puissions faire.

La question du moral de l'école, la question de l'organisation, la question de l'équilibre des programmes, la question des savoir-faire devant la classe, la question des conditions de travail, la question de la démarche à suivre pour transmettre, la question de l'analyse et de la transmission des démarches pédagogiques innovantes ou traditionnelles qui sont consacrées par leurs résultats devant la classe, la question de la reconnaissance de l'enseignement, pas seulement par la nation, mais par les élèves et leurs parents, la question   de la vocation, toutes ces questions sont au moins aussi cruciales que la question des moyens. À ces questions, on peut apporter des réponses, donc ce sont ces questions-là que j'entends que l'on traite dans les années à venir au moins autant que la question des moyens et, symétriquement, je fixerai des objectifs de progrès pour notre Éducation nationale, des progrès vérifiables par tous et qui nous rendront la maîtrise de l'avenir et de la fierté de l'école française.

Permettez-moi d'ajouter ceci qui améliorerait nos conditions de travail et cela sera aussi peut-être discuté par quelques-uns : je crois qu'il y a trop d'heures de cours dans la semaine moyenne du plus grand nombre des élèves. Je vous dis ma certitude, ce n'est pas par l'accumulation des heures de cours que se construit le savoir chez l'élève. 

 

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Ce que je crois le plus profondément, c'est qu'il n'est d'apprentissage qu'actif et que le "copier-coller" est de nul effet, ne sédimente pas un savoir, de même que le calcul conduit avec les innombrables modèles de calculettes fait certes gagner du temps, mais je crois, vous connaissez mes obsessions, que le calcul mental est le seul qui vous offre l'autonomie, les ordres de grandeur, le jugement.

Je pense que la plupart des réformes sont perturbation. Je pense qu'il faut "lâcher les basques aux enseignants". Je pense qu'il faut en finir avec les réformes à perpétuité qui déstabilisent l'institution et qui troublent ceux qui la servent.   Il y a dans tout cela de nombreuses démagogies, mais il est une idéologie dangereuse. Je désapprouve l'idée que ce soit par l'intérêt financier, par les primes, par la carotte financière, que l'on doive obtenir le comportement que l'on souhaite des enseignants. Ils ne comprennent pas, ceux qui sont des obsédés de la prime et sans doute aussi de la sanction financière, qu'il est d'autres valeurs, d'autres raisons de vivre que l'argent et que, précisément, ces raisons de vivre, c'est à l'école qu'on les transmet. Ils ne comprennent pas qu'un enseignant n'est pas le concurrent d'un autre enseignant et n'a aucune envie de le devenir. Ils ne comprennent pas que l'enseignement, ce n'est pas la société de concurrence, ce n'est pas la compétition seulement et c'est même probablement le contraire. Ce n'est pas, à mes yeux, la compétition perpétuelle entre élèves. C'est une dérive et je la désapprouve. Ce n'est pas la compétition perpétuelle entre enseignants sanctionnés par des récompenses ou, au contraire, des pénalités financières. Cela, c'est une vision du monde, matérialiste et intéressée qui est tout autre et antagoniste avec la vision du monde. C'est cette vision du monde que l'on essaie de nous imposer depuis de trop longues années. L'enseignement, c'est tout autre chose. L'enseignement, cela prend du temps, ce n'est pas une obéissance. C'est un service réalisé en conscience.

Bien sûr, il est légitime qu'il y ait des instructions générales et des programmes, mais les programmes gagneraient beaucoup à être simplifiés, allégés, suffisamment brefs pour que l'on puisse les approfondir et pas les effleurer comme on est obligé de le faire à la course. Pensez que le programme d'histoire en première exige que l'on traite de la guerre au XXème siècle en 16 ou 17 heures. Je dis que ceux qui écrivent ces programmes n'ont probablement pas, depuis longtemps, mis les pieds dans une classe pour savoir exactement comment on peut avancer !

Je me dois, pour avancer dans mes convictions en matière pédagogique, d’aborder un grand débat qui traverse depuis des années, même des décennies, le monde de l'éducation et plus encore l'univers de ceux qui se passionnent pour l'éducation. Il y a une grande guerre idéologique entre ceux qui plaident que l'enseignement valide repose sur des contenus solides et maîtrisés et ceux qui affirment que l'enseignement valide, c'est celui qui épanouit la personnalité. Et bien, de toute ma vie d'élève, d'étudiant, de professeur, de père de famille, de père d'enseignant et d'admirateur de professeurs, je n'ai cessé d'avoir une certitude et c'est celle-ci : l'enseignement valide, c'est celui qui unit des connaissances solides avec une générosité chaleureuse que l'élève sent, que l'étudiant sent et qui leur permet de s'épanouir ! Voilà ma doctrine pédagogique ! Connaissances solides et épanouissement de la personnalité, l’un n'est pas contradictoire avec l'autre. L'un est l'appui de l'autre et même l'un sans l'autre, c'est l'échec assuré. Voilà ma première certitude pédagogique.

Je veux vous en dire une deuxième : ce qui fait la différence, c'est le maître, c'est "l'effet maître" comme l'on dit maintenant, qui permet à certaines classes d'avancer plus vite et mieux que d'autres, quel que soit le niveau social et culturel des élèves qui forment cette classe. C'est dans l'expérience, le savoir-faire, l'humanité, la générosité des maîtres, que se situe, dans le premier degré comme dans le second degré, le gisement de progrès de l'éducation, spécialement en France. En tout cas c'est ce gisement-là, la compétence des maîtres, l'expérience des maîtres que je veux mettre en exploitation, en repérant, en étudiant, en répandant la stratégie pédagogique suivie dans les classes plus nombreuses qu'on ne le croit qui réussissent mieux que les autres. Cela est ma philosophie du progrès de l'école.

Troisième certitude : la clef première de la réussite de l'égalité des chances à l'école comme dans la vie, c'est la langue. La langue, c'est l'émotion, la pensée, l'empathie, l'influence, c'est le pouvoir, l'analyse, parfois c'est le rire. La langue, c'est le nécessaire et presque le suffisant. C'est l'accès à la langue qui efface les frontières sociales et culturelles et c'est l'inégal accès à la langue qui au contraire forme frontière et ferme frontière. La langue doit donc être au sens propre la priorité puisqu'elle donne accès en même temps à l'univers des connaissances et à la force de la création. Et il y a d'autres novations, mouvements. Je suis persuadé que l'école française souffre, non pas de la notation comme le croient certains, mais de n'exposer l'élève et donc sa famille qu'à une notation simplement négative. Je suis persuadé que la valorisation méthodique des aptitudes des élèves, des qualités des élèves, même et surtout de celles, parmi leurs qualités, qui ne correspondent pas aux attentes classiques, les signaler au moins autant que leur insuffisance, cela serait pour eux, en tout cas pour beaucoup de ceux que j'ai rencontrés, d'une grande efficacité. Je suis persuadé que la mise en confiance de l'élève et non sa mise en défiance est une arme de progrès et un moyen pour faire progresser les classes dont vous avez la charge.

  

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Je veux maintenant vous dire mes orientations. Elles seront au nombre de trente.

1ère orientation : il faut un contrat de progrès entre l'école et la nation. Ce contrat doit garantir les moyens existants et en même temps préciser les objectifs que la nation assigne à l'école. Le progrès que nous nous assignons doit être vérifiable par tous, c'est pourquoi je fixe un objectif que, dans les cinq ans, l'école française entre, j'aurais dû écrire rentre, dans les dix premiers du classement international pour la compréhension de l'écrit, le calcul, les connaissances scientifique et la lutte contre les disparités sociales.

2ème orientation : au lieu d'être dans la "réformite" perpétuelle, il faut un plan de progrès continu, inscrit dans le long terme pour vraiment changer les choses. Il faut cesser d'aller de fausses réformes en fausses réformes qui ne changent rien sur le fond mais déstabilisent perpétuellement l'Éducation nationale et, en même temps, le moral, la confiance professionnelle des enseignants et des parents. 

3ème orientation : il faut refaire de l'école, j'allais dire à tout prix, un lieu d'où la violence est exclue et où le respect est la règle entre élèves et enseignants, à l'égard des enseignants et dans la cour de récréation.

4ème orientation : il faut restaurer la confiance de la nation dans ses enseignants. Au contraire de tous ceux qui se présentent à cette élection, je ne suis pas favorable à ce que l'on remette en cause le décret qui définit le statut des enseignants. La définition du temps de travail est légitime. Il peut être réaménagé sur la base du volontariat, on peut faciliter, si on le souhaite, une présence plus importante dans l'établissement par exemple en construisant des bureaux, mais les procès perpétuels contre les enseignants sur le temps de travail doivent cesser.

5ème orientation : les concours de recrutements nationaux sont la voie la plus républicaine et la plus légitime pour sélectionner les enseignants du second degré.

6ème orientation : la reconstruction d'une année de formation en alternance avec exercice dans la classe et transmission de l'expérience d'autres enseignants est impérative.  

7ème orientation : la notation pédagogique des enseignants doit être assurée par des évaluateurs (corps d'inspection ou autres), expérimentés, de la même qualification au moins, de la même discipline que celui qui est ainsi évalué et non par le chef d'établissement étranger à la discipline enseignée.

8ème orientation : arrêter avec les surcharges administratives, la multiplication des réunions, l'avalanche des livrets de compétences. À l'école comme dans tous les autres secteurs d'activité, la surcharge paperassière étouffe, asphyxie et ne sert à rien.

9ème orientation : d'abord les bases et les bases d'abord. Il n'est aucune chance de réussite pour un élève qui n'a pas la maîtrise des fondamentaux. Je proposerai que, tant que cela est nécessaire, 50 % du temps scolaire à l'école primaire soit consacré à la maîtrise de l'écrit et à la langue française en sa beauté à découvrir, en ce qu'elle peut exprimer de nuances, de richesses, en son vocabulaire. C'est un bagage pour la vie. 50 % du temps scolaire consacré à la langue française à l'école primaire.

10ème orientation : les principales difficultés des élèves très jeunes sont psychoaffectives. Elles ne sont pas, pour la plupart du temps d'ordre pédagogique ou de l'ordre des capacités, comme on le dit. Les repérer tôt par une formation et un réseau adapté, c'est donner une chance de les résoudre soit au sein de l'école soit par l'intervention, plus souvent encore, de pédopsychiatres. Je trouve que ce repérage précoce des difficultés souvent affectives des élèves est un service à leur rendre et probablement la stratégie la plus efficace contre l'échec scolaire.

11ème orientation : le premier lieu de l'éducation c'est la famille : favoriser la mise en place - je n'ai pas trouvé de meilleur nom - d'écoles de parents associatives pour aider ceux qui ont des difficultés à accompagner leur enfant, me paraît là une vraie aide, une vraie assistance aussi aux enseignants.

12ème orientation : la question des méthodes pédagogiques doit être tranchée non pas par l'idéologie mais par l'évaluation des résultats.

13ème orientation : aucun élève ne doit entrer au collège sans qu’il soit garanti qu'il maîtrise la lecture et l'écriture. S'il est en défaut, une pédagogie adaptée doit lui permettre de reconstruire son rapport à l'écrit car le but n'est pas d'exclure, mais d'intégrer les élèves qui autrement seront perdus tout au long de leur scolarité.

14ème orientation : pour prévenir ces échecs, il faut penser le nombre d'élèves par classe en fonction, non pas de normes, mais de la réalité de la classe. À classe difficile petit nombre d'élèves, à classe équilibrée et de bon niveau, plus grand nombre d'élèves.

15ème orientation : le collège doit être diversifié. Il est normal et juste que la nation veuille garantir un bagage à tous les enfants, mais ce bagage de connaissances et de méthodes ne peut être apporté dans l'uniformité. Pour un certain nombre d'élèves en situation de rejet de l'école un « collège hors les murs » avec des pédagogies adaptées doit permettre une reconstruction et le retour, s'il le souhaite, à la voie classique.

16ème orientation : dans chaque discipline le "apprendre à apprendre" et le retour assidu aux bases doivent servir de socle. Les programmes doivent être écrits avec les enseignants en imposant la faisabilité sans précipitation et la simplicité de leur énoncé.

17ème orientation : informer les élèves sur ce qu'ils ne maîtrisent pas, par exemple, les codes de comportement, d'habillement, de langage, sur les codes de la société dans laquelle ils vivent.

18ème orientation : les rythmes scolaires doivent être reconstruits. Il n'est pas normal que l'école française soit celle qui concentre le plus d'heures de cours sur le moins de jours de classe. Les horaires des élèves, devoirs compris, ne devraient pas dépasser une charge horaire d'une trentaine d’heures par semaine, ce qui veut dire presque autant que leurs parents. Ceci signifie évidemment un allégement des horaires pour un grand nombre d'élèves. Les heures ainsi gagnées seront utiles aux enseignants pour le travail en commun, et aux établissements pour des programmes au choix qu'ils pourront élaborer.

19ème orientation : les devoirs doivent être faits dans le cadre de l'établissement sous la surveillance de tuteurs, d'enseignants de l'établissement s'ils le souhaitent, d'enseignants à la retraite ou le plus souvent d'étudiants qui recevront une bourse pour se familiariser ainsi avec l'enseignement et servir de grands frères scolaires, de tuteurs ou d'appuis aux élèves plus jeunes.

20ème orientation : donner aux chefs d'établissement des possibilités nouvelles par exemple recrutement direct des remplaçants, gestion des volumes d'heures pour organiser des soutiens individualisés ou en petit groupe.

21 et 22ème orientations : L'enseignement professionnel doit reposer non pas sur l'élimination mais sur la vocation par la découverte des métiers, par l'alternance ou l'apprentissage. Et donc information sur les métiers tout au long du collège, découverte des entreprises et des chantiers pour que les élèves découvrent ce que sont ces activités dont ils entendent parler, mais qu'ils n'ont jamais rencontrées.

23ème orientation : il faut un plan de développement de l'apprentissage et de l'alternance. Il faut que nous élucidions cette question : qu'est-ce qui bloque pour les entreprises ? Qu'est-ce qui bloque du côté de l'éducation ? Qu'est-ce qui bloque dans la destination de la taxe d'apprentissage ?

24ème orientation que je risque, avec prudence, avec réserve, à pas de loup et à voix basse : nous souffrons d'une double pénurie de scientifiques et de littéraires et cette double pénurie constatée dans tous les amphithéâtres est à mon sens dommageable pour la nation.   Je pense qu'il faut que nous réfléchissions à l'organisation des baccalauréats et j'avance l'idée, je risque l'idée d'une réflexion sur une nouvelle voie du baccalauréat qui sera un baccalauréat d'excellence générale à la fois littéraire et scientifique.

25ème orientation : refonder l'articulation entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur. Je suis certain que c'est une clé pour lutter en particulier contre l'échec des premiers cycles à l'université parce que ce que les élèves ne savent pas, c'est que l'université, c'est une connaissance que l'on se construit soi-même autant qu’on la reçoit. C'est la recherche dès les premières années, c'est un exercice d'autonomie.

26ème orientation : L'orientation, c'est une ardente obligation. On doit y préparer tout au long de l'enseignement secondaire et à l'entrée à l'université et, pour l'entrée à l'université, je propose que cette orientation soit nourrie par une information objective sur les sorties d'études dans la formation que l'on envisage de suivre, que l'on dise aux étudiants à l'entrée : Voilà ce qui vous attend à la sortie, car ils l'ignorent dans un grand nombre de cas et cela provoque des catastrophes.

27ème orientation : elle concerne les enfants handicapés dans leur scolarisation. Des progrès ont été faits, mais des obstacles demeurent. Beaucoup d'enseignants se sentent démunis face au handicap. Je propose que l'on aborde cette question franchement dans le cadre de la Conférence nationale sur le handicap. Enfants handicapés dans leur scolarisation, cela mérite une réflexion et un soutien nouveau de la nation.

28ème orientation : il faut un grand plan Santé. Les élèves français sont les plus frappés d'Europe par les addictions au cannabis, à l'alcool, par un certain nombre de comportements à risques. Je pense qu'une mobilisation notamment avec les étudiants en médecine, dans tous les établissements scolaires dans l'enseignement secondaire sera bienvenue et urgente pour lutter contre ces addictions.

29ème orientation : deux réflexions générales pour finir. La première : réflexion générale sur l'éducation numérique. Je pense que l'Internet est un gisement de progrès considérable. En même temps, je veux dire qu'il n'y a pas d'éducation qui soit déshumanisée, il n'y a pas d'éducation qui soit entièrement dématérialisée et que les ressources de ce que l'on appelle le e-learning sont, pour l'avenir, en même temps un immense enrichissement des possibilités de formation et de découverte, et un univers qu'il nous faut apprendre et que les jeunes, les élèves et les étudiants doivent apprendre. Je propose aussi une réflexion générale sur la coopération entre l'enseignement numérique et l'enseignement classique traditionnel dans les classes.

Enfin, 30ème orientation : je pense qu'il faut ouvrir les établissements scolaires en dehors des heures de cours à la demande d'éducation de la société. Une école du soir « à la demande » avec une contribution modeste des apprenants doit être ouverte dans tous les établissements du second degré. L'initiative viendra de la demande de ceux qui veulent apprendre quelque chose.

Voilà les trente orientations que je voulais défendre devant vous. Elles sont concrètes, elles sont pratiques, elles reposent sur une vision de l'éducation, c'est-à-dire une vision du civisme, de la République et de la société humaniste que nous voulons construire. Merci à vous tous.

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13 janvier 2012

Le Triple A des tickets de cantine

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En ce vendredi 13, la France a décroché le jackpot en perdant son sacro-saint triple A. Il y a six mois, personne ne soupçonnait l'existence de ces AAA, mais aujourd'hui, ils n'existent plus. Notre note a été dégradée par l'agence de notation Standard & Poor's. Standard & Poor's. Ils ne nous prennent pas un peu pour des buses, ceux-là, d'ailleurs, rien qu'avec leur nom ? Standard & Poor's ? Ca voudrait pas dire un truc comme "Pour la norme et pour les pauvres ?" N'étant pas plus expert en économie que les membres du gouvernement actuel, je me garderai bien de commenter davantage les tenants et les aboutissants de cette loterie malheureuse, même si la grille de notation suivante se propose d'éclaircir le sujet :  

  

Notes

  

A première vue, je me dis que, finalement, en comparaison, les grilles de compétences que je dois remplir dans le cadre du collège sont, somme toute, relativement claires. Quoique, ça pourrait donner des idées : remplacer nos bubons rouges ou verts par des BB- ou des CCC+ pourrait avoir son charme. Et finalement, la dégradation de Standard etc. ressemble étrangement à la sanction qui tomberait à la suite d'un conseil de discipline. Bref, hop, terminés les trois A, envolés. Les experts s'accordent à dire que les conséquences sur notre économie pourraient être importantes, notamment à cause de la hausse des taux d'emprunts. 

 

Dans les mois qui viennent, taxes et impôts divers pourraient donc grimper. Si vous le permettez, nous allons à présent changer d'échelle, afin d'illustrer le bien-fondé de la démonstration qui suit, pour passer d'une vision de l'économie mondiale à une vision plus intime des finances de mon collège Saint-Exupéry sis à Condom, voire de mes finances personnelles. Le Président du Conseil Général du Gers, doué de prescience, avait visiblement anticipé la crise qui s'annonce, en augmentant les taxes cantinières de manière aussi spectaculaire que drastique. Durant le dernier trimestre de 2011, le Conseil Général du Gers a en effet décidé de faire passer en janvier 2012 les tickets de cantine de notre collège de 4.10€ à 5.85€ pour les profs, soit une augmentation de... 41% !! Condom est-elle passée sous protectorat grec, la faillite de la Zone Euro gagne-t-elle la France en commençant par le Gers ?!?  N'ayant pas constaté une augmentation de 41% de mon salaire et n'envisageant pas que la qualité des repas s'améliore des mêmes 41%, je suis allé littéralement dévaliser l'intendance en embarquant dix carnets d'un coup "au tarif 2011". Notre légendaire intendant a cru à une plaisanterie. Comme d'habitude, j'ai donc dit que "je ne suis jamais aussi sérieux que lorsque je n'en ai pas l'air".

 

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Bon pour Cent Repas

 

L'Acte I de ce qui s'annonce déjà comme une glorieuse épopée s'est conclu par la tenue d'un Conseil d'Administration du Collège, qui s'est soldé par la rédaction d'une Motion visant à dénoncer cette hausse surréaliste des tarifs : si les prix des produits de consommation courante augmentaient soudainement de 41% pour l'ensemble des citoyens français, il y a fort à parier que la Révolution Française ressemblerait à un pique-nique convivial par rapport aux mouvements sociaux et aux émeutes qui éclateraient aux quatre coins de l'Hexagone.

 

La Motion a été paraphée par l'ensemble des représentants présents au CA ce soir là : représentants des personnels enseignants, représentants des personnels ATOSS de l'établissement (Personnels Administratifs, Techniciens, Ouvriers, Sociaux et de Santé), représentants des élèves, représentants des diverses associations de parents d'élèves. Une lettre quasiment similaire fut signée par l'ensemble des enseignants du collège dans les jours suivants et adressée au Président du Conseil Général par la voie hiérarchique.

 

 

 

La rentrée de janvier 2012 a marqué le début de l'Acte II. Droit dans ses bottes, le Conseil Général 32 n'a pas changé sa décision d'un iota, malgré des initiatives similaires à la nôtre prises par d'autres établissements et des réactions fortes de certains syndicats. Dès les premiers jours des frimas, certains collègues sont donc tombés au champ d'honneur des tickets de cantine, leur stock personnel ayant expiré rapidement. Certains sont décidés à ne plus manger au collège quand leur réserve sera épuisée. Pour les autres, c'est la soupe à la grimace : passer de 4.10€ à 5.85€ peut sembler anodin si l'on raisonne en terme de ticket, mais si l'on ramène le calcul à un seul carnet de 10 tickets, on aboutit déjà à une différence colossale de 17.50€ ! Le calcul sur une année peut donc laisser rêveur, en cette période où le pouvoir d'achat est sur toutes les lèvres. Difficile dès lors d'avaler les décisions insensées du Président du CG32 sans protester ni le crier haut et fort. 

 

En prélude à de nouvelles actions, puisque ce ne sont pas les idées qui manquent (bien au contraire, elles pétillent dans tous les coins de mes neurones actuellement), la page Wikipédia de Philippe Martin a été, disons, actualisée pour faire apparaître la pertinence de ses dernières mesures. Propos diffamatoires ? Allons donc, pas la moindre diffamation puisque ce sont des faits avérés. Et puis joindre la politique à l'humour n'est-il pas le meilleur cocktail qui soit ? La suite au prochain épisode !

 

 Cantine 2012 - Copie

(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

 

11 décembre 2011

Tous au Larzac, de Christian Rouaud

Je n'ai pas rédigé de texte dans ce blog depuis plus de deux ans. Par manque de temps, non par manque d'implication. Et sans doute aussi parce que j'ai déplacé le terrain de mes prises de position et de mes engagements depuis ce blog jusqu'à ma page FaceBook. Pourtant, aujourd'hui, alors que je viens de rédiger une critique cinématographique pour un de mes autres blogs consacré au cinéma (http://rolandkermarec.canalblog.com/), j'ai le sentiment que ce texte trouvera sa place également ici. Parce que j'y parle sans doute davantage de "réveil politique" que de cinéma proprement dit.

14e Festival Ciné 32 - Samedi 15 octobre, 19h

La plus grande et longue acclamation de cette édition 2011 du Festival d'Auch a accueilli le réalisateur et deux des protagonistes de Tous au Larzac à l'issue de sa projection. Une ovation pour la force de ce documentaire, une ovation pour l'exemplarité de cette lutte, une ovation en guise de remerciement pour ce signe d'espoir qu'ils ont partagé avec nous.

 

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Véritable combat d'un David paysan et teigneux contre un Goliath gouvernemental, parisien et procédurier, ce soulèvement des agriculteurs des terres du Larzac est présent dans notre inconscient collectif, même pour ceux qui n'en connaissent pas toute la teneur historique. J'ignorais pour ma part une bonne partie des circonstances de cet événement fondateur mais, sans doute porté par les vents du mythe, le nom de "Larzac" - outre l'évocation de penseurs politiques toujours volontaires pour agiter nos consciences aujourd'hui - est synonyme de révolte populaire, de refuge, de refus de la pensée unique. Une sorte d'Eden préservé, un havre de paix à l'abri des imbécilités du monde moderne. Une quasi utopie dont on se demandait si elle avait effectivement pu exister, comme un mirage légendaire.

 

Les deux heures de Tous au Larzac passent aussi vite qu'un fumigène tiré par un CRS. Le spectateur béotien, que j'étais de cette aventure humaine, contemporaine ou presque, ne sent pas passer le temps, et le temps, dix ans, a pourtant lentement passé pour tous les acteurs de ce combat qui a agité les campagnes et les actualités à partir de 1971. Dix ans, cela paraît à peine imaginable, comme dans une fiction où le trait serait trop appuyé. Quant aux spectateurs plus au fait et déjà initiés, il semble évident qu'un fort parfum de nostalgie, mais aussi peut-être de fierté, peut sans doute grandir en eux au fil de la projection.

 

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Pourtant, la principale force du film de Christian Rouaud, cinéaste militant déjà auteur d'un Lip, l'imagination au pouvoir qui appartient à la même famille de documentaires, ne réside pas seulement dans ce baume nostalgique ou  dans son aspect purement informatif. Les rebondissements qui essaiment ces longues années de lutte, la solidarité qui se met en place à cette occasion, d'abord localement puis, en vagues, au niveau national, l'imagination qui pétille et renaît de ses cendres à l'instant où l'on pense que tout espoir est mort, tout cela bâtit une épopée digne d'un western qui se serait totalement égaré dans le Massif Central avant que ses acteurs principaux ne changent de plateau sans prévenir pour se retrouver protagonistes d'un film d'aventures échevelé puis, de manière surréaliste, d'un remake français de Woodstock. Un film qui ignorerait son genre et bondirait d'un style à l'autre, en liberté.

  

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Les péripéties qui s'enchaînent sans fin, remettant les compteurs à zéro avant de dénicher des issues qui paraissent inespérées, mais agonisent dans la séquence suivante, puis laissent place à un retournement inattendu, finissent par engendrer une stupeur rigolarde et, in fine, une sidération rêveuse lorsque nous prenons conscience de ce qu'est devenue notre société française. Emergent alors et se bousculent dans notre esprit, une foule d'interrogations que l'on projette sur l'écran, inquiets de connaître déjà les tristes réponses : la solidarité que l'on voit à l'oeuvre est-elle encore possible aujourd'hui, en 2011 ? Est-elle même envisageable ? Le courage inhérent à la défense d'une telle cause nationale n'a-t-elle pas périclité avec l'agonie du siècle dernier ? Pourrions-nous encore nous regrouper et rassembler nos coeurs et nos forces pour refuser catégoriquement une décision de cet ordre ? Pour nous opposer à ce qui fait notre essence, pour nous mettre en travers du passage d'un rouleau-compresseur psychologique qui écrase nos différences ? Sommes-nous encore capables de nous soulever, nous qui courbons l'échine et acceptons sans rien dire tant d'ignominies actuelles ? Plongés au coeur d'un monde où l'uniformité ronge nos esprits et où le conformisme gagne chaque jour du terrain, pouvons-nous, enfin, nous réveiller, nous dresser, et dire NON ? Tous au Larzac n'est pas qu'un film, ce n'est pas qu'un documentaire, c'est un miroir qui nous demande ce que nous pouvons faire pour changer ce monde dans lequel nous risquons de nous engluer et de perdre nos âmes. Tous au Larzac !

 

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25 avril 2009

Citoyen depuis la Boulangerie jusqu'au Café

Les Elections Européennes approchant, vais-je me lancer dans une série d'articles militants pour défendre bec et ongles les valeurs prônées par "mon MoDem" ? Bof, non, d'autres le font de manière plus intéressante, motivée et compétente que moi, qui continue d'observer tout ce jeu politique depuis la marge, doutant régulièrement de ce que je peux apporter au mouvement et de la place que je pourrais y trouver, mais continuant malgré tout d'y participer à ma façon.

Mercredi dernier, 25 avril, j'ai croisé Nicolas Lacombe, "premier magistrat de Nérac", à ma boulangerie préférée. Contact simple et affable, comme d'habitude. Il a remarqué que je me fais rare sur mon blog, qu'il consulte de temps à autre, j'en ai profité pour lui indiquer qu'il serait peut-être bon qu'il rédige lui aussi un jour prochain un vrai petit texte de fond spécialement pour sa propre page internet, et cela me semble encore plus important depuis ce matin.

Je me fais rare, oui, c'est vrai, sans doute parce que, dans la vie comme ici, je n'aime pas m'exprimer sur tout et n'importe quoi, que je considère qu'il n'est pas forcément utile de "remplir le silence" sur tel et tel sujet au cours d'une conversation, politique ou pas, que je ne m'estime "spécialiste" que sur peu de thèmes (et sur quels thèmes politiques, je l'ignore...) Le silence semble effrayer la majorité des gens, et je ne trouve pourtant rien d'aussi insupportable "en société" que d'entendre des chapelets de banalités débitées sur des sujets d'actualité. Les gens ont des avis sur tout et sur rien... Malheureusement dans notre société, le silence et la réserve ne sont pas véritablement classés au rang des vraies vertus ni des qualités estimables mais plutôt des faiblesses de caractère.

M. Dionis sait parfaitement combler le vide et la peur du silence, lui. Ce matin, ou plutôt ce midi, il avait organisé un "Café Citoyen" dans un bar néracais, le Gambetta (choix stratégique par rapport au choix du nom ??). Ma matinée étant libre, je m'y suis rendu, avec un peu de retard (mais moins que lui, qui s'est fait attendre plus d'une demi-heure), ce qui m'a valu de ne pas pouvoir me faire discret en m'asseyant sur une des chaises placées autour d'une série de tables disposées en U. Il a donc fallu que je me résolve à choisir une chaise installée au beau milieu, cerné de toutes parts par ce U façon tribunal. Certes, j'avais opté pour le 3e rang, espérant m'abriter derrière une mini muraille de têtes, mais au fil des minutes, les chaises devant moi se sont envolées pour rejoindre le fond de la salle, puis une rangée de quatre personnes assises devant s'est évanouie soudainement et, pour couronner le tout, à son arrivée Jean Dionis a demandé aux "gens à l'intérieur du U" de se rapprocher. Moi qui voulais écouter tout ça tranquillement, je me retrouvais donc en face à face avec Dionis...

Je n'avais jusque là jamais assisté à un "Café Citoyen", et j'avoue que le concept ne me remplissait pas d'un enthousiasme effréné non plus. Que tirer d'enrichissant d'un échange de questions-réponses, comment sortir des débats ping pong Droite / Gauche ? Je me rendrai peut-être une autre fois à un Café du même style organisé par les membres du bureau du MoDem, pour pouvoir comparer, mais il me semble qu'un café "citoyen" devrait a priori s'adresser à n'importe quel quidam, sans étiquette politique. Or, ici, et les bannières Nouveau Centre appuyaient incontestablement cette sensation (ainsi qu'un "historique" de ce mouvement UMP-Canada Dry - amateurs de pubs, recherchez le slogan de cette boisson...), le "Café Citoyen" ressemblait en fait à une sorte de mini-meeting politique décontracté (on se commande des boissons, on s'appelle par son prénom, on se connaît tous plus ou moins, on bouffe même ensemble à la fin...)

Il est souvent reproché à Sarkozy de ne pas être le "Président de tous les Français", et les récentes mesures du CSA sur le temps de parole sont venues confirmer cela. Ici, même chose : M. Dionis est censé être le "Député de tous les citoyens d'Agen / Nérac", mais l'ensemble de son discours a consisté à descendre en flèche la nouvelle municipalité de Nérac : au mieux, il qualifie ses représentants de "gentils" ou "responsables" et "accueillants", au pire d'incompétents notoires qui font des "bêtises dignes du CP". Au moins, c'était clair, et la présence en force des UMPistes néracais le confirmait, il n'était pas là pour apporter des fleurs à Nicolas Lacombe (il est pourtant arrivé avec un gros bouquet de roses et quelques baluchons de courses sans doute glanées au marché du samedi matin - un mystère qui continue de me fasciner, ça, le coup des marchés qui séduisent tant les hommes politiques !)

Que faut-il pour devenir un homme politique respecté ? Apparemment, entre autres, ouvrir sa gueule et parler (peu importe comment, mais bon, il faut parler, c'est la règle). Et puis, bon, quelques cheveux blancs sont de bon aloi également. Or, le maire de Nérac est jeune (et donc inexpérimenté, etc. : heureusement que Dionis a fait mine de se marrer à propos de quelques clichés balancés sur les profs et autres professions pour tomber dans de pareils sentiers battus...) Et surtout, malheur, il ne parle apparemment pas sur tout et n'importe quoi. Or, tout le monde semble attendre qu'il parle (raisonnement, si j'ai bien suivi : si un autre membre de son équipe est plus volubile que lui, hop, c'est celui qui parle le plus qui devient maire à sa place...)

Quoi qu'il en soit, avec cette règle du jeu, effectivement Dionis n'a pas de souci à se faire, il restera bel et bien maire d'Agen. La "discussion" a d'abord débuté par trois longues réponses sur ces sujets : l'emplacement de la future gare SNCF (une Arlésienne lot-et-garonnaise, si j'ai bien saisi) ; l'emplacement d'une autre sortie autoroutière (pour qui, pour quoi, j'avoue que cela me dépasse : tout le monde parait souhaiter avoir sa sortie d'autoroute dans son petit bled et espérer que les automobilistes se précipiteront comme des forcenés dans les commerces du coin pour consommer à tire-larigot) dans le 47 ; la future nouvelle Zone Economique du Lot-et-Garonne.

Je n'avais pas véritablement l'intention d'intervenir, mais bon, une question s'imposant, j'ai levé timidement la main, profitant d'un moment de flottement. Placé au fond de la salle, j'aurais été peinard, j'aurais levé la main, personne ne l'aurait vue et on serait passé au sujet suivant. Là, l'invisibilité étant plus délicate, M. Dionis ne pouvait que me remarquer et a donc lancé un "Donnons la parole aux jeunes !" (Effectivement, au regard des membres de l'assemblée, je faisais encore office de bébé en couche-culotte, mais bon, je tiens quand même à signaler que ça fait déjà 37 ans que je "fais jeune" !)

J'ai donc demandé quelle était la place du Développement Durable au beau milieu des trois projets dont il avait été question et dont la logique me paraissait appartenir à une époque révolue où l'on ne raisonnait qu'en termes de croissance. La croissance, des routes, la croissance, des bagnoles, la croissance, des entreprises, la croissance, la croissance, la croissance... M Chazzalon est intervenu et a posé une question à laquelle il voulait répondre lui-même mais à laquelle j'ai pu apporter ma propre modeste contribution. Il souhaitait savoir ce que j'entendais par "développement durable". Définition orlandesque du moment : alliance d'une croissance raisonnée au souci du bien-être humain et du respect écologique de la planète. Tout le monde a semblé convenir que n'importe quel projet économique doit désormais intégrer dès le départ des préoccupations "durables", mais qu'en est-il réellement ? Bref, je suis peut-être passé pour le "petit jeune hippie new age tendance naïf", mais bon, au moins, j'ai tenté de sortir de mon silence. On ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir parlé...

15 janvier 2009

Flocons & Effectifs

Une bonne nouvelle sarkozienne en cé début d'année : notre Président vient de découvrir (et d'apprécier) deux films de Stanley Kubrick : 2001, l'Odyssée de l'Espace et Shining (la mauvaise nouvelle étant donc qu'il lui a fallu près de 50 ans pour se décider à regarder ces chefs d'oeuvre...)

De mon côté, la reprise des cours a été assez spéciale, si spéciale même que j'ai décidé une fois encore de prendre la plume pour écrire une lettre à notre ministre de l'Education, lettre qu'ont signé plusieurs de mes collègues :

S/C de M. le Recteur                                                                     Condom, 12 janvier 2009

S/C de M. l’Inspecteur d’Académie

S/C de M le Chef d’Etablissement

Monsieur le Ministre,

En ces jours de rentrée, l’équipe éducative du Collège Saint-Exupéry de Condom (32) souhaiterait vous faire part, non seulement de ses vœux pour « l’an Neuf », mais également d’une expérience enrichissante que beaucoup d’entre nous avons vécue ces derniers jours.

Même s’il n’a pas véritablement été touché par les chutes de neige, le département du Gers a néanmoins été affecté par des absences d’élèves dans les établissements. En effet, le Conseil Général avait pris la décision de ne pas assurer le transport scolaire du 6 au 9 janvier. En moyenne, les effectifs de chaque classe ont été réduits d’une dizaine d’élèves durant ces quatre journées.

Quelle révolution et quel régal !... Beaucoup de collègues ont fait part de leur enthousiasme et de leur satisfaction à travailler ainsi, à tous les niveaux. Les cours pouvaient être assurés avec une efficacité rare, les ambiances de classe étaient bien moins stressantes pour les enseignants comme pour les élèves (certains ont parfois demandé s’il serait possible de continuer « à faire cours comme ça » une fois que tout serait rentré dans l’ordre, pensant que nous assurions un « ersatz » de cours que nous aurions bricolé en fonction de l’absence de certains élèves, conscients du caractère agréable de ces cours sans en identifier précisément l’origine…) Certains collègues ont également vu quelques élèves, habituellement effacés ou submergés par le nombre habituel d’enfants en classe, prendre la parole et s’épanouir de manière inédite. Qu’il est agréable de pouvoir enseigner ainsi et de voir ainsi les progrès accomplis par certains dans de telles conditions…

Cette décision du Conseil Général nous mène donc à un constat relativement simple. Au-delà des réformes que nous ne comprenons pas toujours ou dont nous ne cautionnons pas toujours la nécessité, il en est une, évidente de notre point de vue, qui résoudrait de manière spectaculaire un grand nombre de problèmes dans l’éducation de nos élèves : la réduction des effectifs dans les classes. Chacun y gagnerait : les enseignants, les élèves, et l’éducation nationale…

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos respectueuses salutations,

30 novembre 2008

Paroles d'enseignant

Cela fait un long moment que je n'ai pas pris la plume ici. J'ai pendant quelque temps hésité à écrire un article final sur les Cantonales à propos de la Commission des Comptes qui m'a embarqué dans un feuilleton à épisodes à partir de ce concept de base intéressant : je devais justifier mes dépenses de campagne pour, en quelque sorte, pouvoir ne pas être remboursé, n'ayant pas obtenu 5% des voix. Et il y avait donc, quelque part à Paris, un gars qui a passé un temps considérable à analyser et à éplucher consciencieusement les documents que j'avais pu fournir, qui m'a envoyé des demandes de justificatif, notamment pour que je lui explique par le menu comment j'avais pu recevoir des financements par un parti qui "n'existait pas" au moment des élections (bon, le MoDem n'a pas fait un score phénoménal, mais de là à dire qu'il "n'existait pas"  :-)

What else, démocratement parlant ? Eh bien je fais "officiellement" partie du Conseil Départemental du MoDem pour le Lot-et-Garonne depuis quelques semaines et je tâcherai donc d'apporter mes petites briquettes à la construction départementale du mouvement, en particulier dans le domaine de la culture.

En début 2008, je m'étais également dit que ce serait également une bonne idée d'évoquer quelques événements qui s'étaient produits au sein de mon établissement scolaire, et puis le temps a filé. Mais un "appel d'offres" lancé par le gouvernement courant octobre "m'invite" à me repencher sur ce sujet. Je me disais qu'être démocrate, c'est l'être évidemment quand on prend des décisions politiques au sein d'un collectif comme celui du Conseil Départemental, mais c'est aussi l'être dans sa vie de tous les jours, dans les relations que l'on tisse ici et là, et, en ce qui me concerne, dans ma vision du métier d'enseignant, dans ce que l'on accepte ou pas.

Le gouvernement lance donc une "veille d'opinion" dans le monde enseignant, avec ces objectifs :

Repérer les leaders d’opinion, les lanceurs d’alerte et analyser leur potentiel d’influence et leur capacité à se constituer en réseau

Décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation

Repérer les informations signifiantes (en particulier les signaux faibles) [je ne vais pas me lancer dans une analyse de texte, mais voilà quelque chose qui "m'interpelle", des "signaux faibles" !]

Suivre les informations signifiantes dans le temps

Relever des indicateurs quantitatifs (volume des contributions, nombre de commentaires,audience, etc.)

Rapprocher ces informations et les interpréter

Anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise

Alerter et préconiser en conséquence

Les informations signifiantes pertinentes sont celles qui préfigurent un débat, un « risque opinion » potentiel, une crise ou tout temps fort à venir dans lesquels les ministères se trouveraient impliqués.

Programme intéressant, qui doit s'appliquer aux "sites « commentateurs » de l’actualité, revendicatifs, informatifs, participatifs, politiques, etc. Elle portera ainsi sur les médias en ligne, les sites de syndicats, de partis politiques, les portails thématiques ou régionaux, les sites militants d’associations, de mouvements revendicatifs ou alternatifs, de leaders d’opinion. La veille portera également sur les moteurs généralistes, les forums grand public et spécialisés, les blogs, les pages personnelles, les réseaux sociaux, ainsi que sur les appels et pétitions en ligne, et sur les autres formats de diffusion (vidéos, etc.)" Bref, pour faire plus simple, disons à tout les supports internet où un enseignant pourrait avoir le malheur d'écrire un jour.

Puisque je suis un citoyen soucieux des deniers publics, je souhaite faciliter le travail de ces futures veilles. En effet, durant l'année scolaire 2007-2008, mon collège gersois devait "tester" des "livrets de compétence" qui m'ont hérissé le poil une bonne partie de l'année. Le 17 janvier 2008, une bonne partie des inspecteurs de l'Académie de Toulouse venait donc dans notre belle salle du réfectoire pour nous annoncer, en gros, qu'ils ignoraient en quoi consistait ces livrets mais espéraient bien que nous saurions nous en dépatouiller. A cette occasion, j'avais préparé un texte pour préciser ma position à ce sujet, pour éviter de m'embrouiller et surtout d'oublier quoi que ce soit. Voici donc le texte que j'avais rédigé, que j'ai lu et que mes collègues ont applaudi à la fin :

Je vais tout d'abord endosser le costume du prof ronchon avec tous ses clichés, en les assumant plus ou moins. Ce projet auquel nous sommes conviés, pour ne pas dire qu'il nous est imposé, sonne à mes oreilles comme une réforme de plus qui viendrait s'ajouter aux précédentes sans la moindre compensation, sans moyens supplémentaires pour la mettre en oeuvre. Je ne parle pas ici nécessairement de moyens financiers, car si nous avions nous aussi souhaité "travailler plus pour etc.", il y a fort à parier que nous ne serions pas profs. Je fais plutôt référence au luxe suprême à mes yeux, à la plus grande des richesses : le temps. Nous sommes apparemment invités à réaliser ces évaluations en plus de tout le reste, et cette nouvelle pratique vient donc s'entasser sur la pile croissante de nos activités, qui s'éloignent de plus en plus des élèves. J'enseigne le français actuellement notamment à deux classes de 6e, je le fais avec beaucoup de plaisir et je leur consacre beaucoup de temps. J'ai découvert avec bonheur cette année l'art de tenter tant bien que mal, plutôt très mal que bien d'ailleurs, de me dépatouiller d'une paperasserie indigeste pour les bien nommés PPRE. L'idée de me perdre corps et âme dans un dédale de cases à remplir ne me remplit donc pas vraiment d'enthousiasme. Honnêtement, si je me pose la question de savoir si je vais ou non consacrer moins de temps à la préparation de mes cours, à la correction de mes copies pour préparer ces évaluations de compétences, j'ai actuellement tendance à avoir envie de répondre très très rapidement.

Concernant les collègues qui ont débrouissaillé le terrain dans les diverses matières, j'ai une double opinion. Je suis d'abord admiratif et respectueux de la somme de travail qu'ils y ont investie. Sincèrement. Parce que je me sens totalement inapte à réaliser une telle chose, comme s'il s'agissait d'un autre métier que celui que j'exerce. Sincèrement aussi. En tant que collègue, je les en remercie. Mais en tant que personne, je ne crois pas avoir envie de leur dire merci. Parallèlement à mon métier d'enseignant, que la honte retombe sur moi, je tente de me construire une vie sociale, une vie associative, une vie personnelle, et j'en passe. Je ne souhaite pas devenir un prof 24 heures sur 24, et je suis d'ailleurs intimement persuadé qu'on est un mauvais prof si on ne se construit pas différemment à côté. Ces vies se nourrissent les unes les autres, et je sens de plus en plus, année après année, que les multiples tâches que l'on nous impose dans notre vie d'enseignants viennent peu à peu cannibaliser et mettre en péril nos constructions parallèles, et je ne peux pas accepter cela.

Pour montrer que je ne suis pas non plus dans la caricature du prof buté de A à Z sur un nouveau projet, comme par principe, j'admets que, dans le fond, l'application de cette grille de compétences aboutirait dans l'idéal (et j'insiste sur ces termes, dans l'idéal) à davantage d'efficacité, j'en suis même persuadé et je ne remets pas cela en doute un seul instant. Par contre, et c'est peut-être là un sentiment personnel que peu de collègues partagent, je ne sais pas, mais mon enseignement, celui que j'ai bâti année après année en réfléchissant énormément à ce qui marchait ou pas et à mes objectifs profonds, cet enseignement là ne rime pas un seul instant avec le mot "efficacité". La seule idée d'avoir à évaluer mes élèves de manière systématique et quasi tayloriste en leur appliquant des grilles prédéfinies et épouvantablement uniformes me donnerait envie de fuir d'horreur. Je n'ai nulle envie de faire rentrer les élèves que j'essaye de faire "grandir", dans tous les sens du terme, dans des cases rigides et identiques pour tous. Si j'essaye de définir ce que je souhaite véritablement enseigner à mes élèves, et chacun devrait se poser au fond cette question à laquelle je vais apporter un semblant de réponse personnelle qui ne me satisfait que sommairement, si j'essaye donc de définir cela, je pense que mon objectif le plus grand est justement de leur apprendre à sortir des cases où le conformisme les enferme, à ne pas être formaté et donc malléable par les autres. Et par conséquent, quasiment philosophiquement, ce système de compétences et de cases va totalement à l'encontre non seulement de ma pédagogie d'enseignant mais même de ma manière d'être au quotidien.

Enfin, plutôt que de proposer un nouveau système d'évaluation, aussi bon serait-il en soi, ne vaudrait-il pas mieux améliorer d'abord tout ce qu'il y a en amont ? Vous pourrez inventer le système le plus sophistiqué d'évaluation d'une automobile, avec les analyses les plus pointues, les technologies les plus high tech, mais ce n'est pas ce qui ce qui transformera une dodoche ou la récente Tata indienne en Ferrari. Si l'on commençait par des mesures bien plus simples, et sur lesquelles tout le monde s'accorderait, y compris vous-mêmes, en diminuant par exemple les effectifs des classes ne serait-ce que de 4 ou 5 élèves, les progrès viendraient non pas tout seuls, mais se ressentiraient très rapidement, tout le monde le sait, et des mesures aussi simples que celle-ci seraient à mon sens bien plus révolutionnaires, courageuses, efficaces, profitables et humanistes que n'importe quel système de compétences à cases.

Réaction des inspecteurs : l'un d'entre eux a murmuré à son voisin, dès le début de la lecture "on ne répond pas", tandis que la "responsable" a simplement commenté mon texte en disant "vous êtes fonctionnaire". No comment...

Plus tard dans l'année, j'ai rédigé un second papier, à un moment où les collègues s'interrogeaient sur les positions à prendre. Le voici :

LES LIVRETS DE COMPETENCE

(billet d'humeur, en complément de la lettre que j'avais écrite à l'occasion de la venue des IPR dans notre établissement)

Suite à la réunion organisée par les Inspecteurs dans notre établissement, j'ai accepté (en rechignant, certes, mais je l'ai accepté) de faire partie du dispositif de test et de comparaison des deux livrets de compétences destinés aux élèves. J'ai donc participé aux diverses réunions qui visaient à définir les objectifs visés par ces tests, pour définir notamment les compétences transversales à évaluer. Mais aujourd'hui, à un moment où les délais ont pourtant été repoussés pour mener à bien cette "mission", je souhaite m'en écarter et ne pas cautionner une telle entreprise, pour diverses raisons, que voici, et que j'ai mûries pendant plusieurs semaines :

  • Même si nous disposons de quelques semaines supplémentaires pour tester ces livrets, je préfère concentrer mes efforts et mon travail sur la préparation de mes cours et sur l'évaluation de ces cours, en particulier pour mes deux classes de 6e. Je suis déjà englouti suffisamment par un autre dispositif d'une lourdeur administrative rare, les dossiers des PPRE, d'une abyssale inanité, pour souhaiter me plonger dans un nouveau labyrinthe pseudo-éducatif insondable. Un de mes objectifs avec les élèves consiste à leur apprendre à travailler de manière efficace : je souhaite aussi  appliquer cette méthode en ce qui me concerne, et reléguer aux oubliettes tout ce qui n'est pas efficace.
  • Plusieurs collègues estiment, et je partage en grande partie leur avis, que le livret qui serait choisi plus tard l'est en fait déjà de manière effective par le Ministère. Inutile donc de s'y pencher davantage et de se prêter à cette comédie de "pédagogie participative" pleine de démagogie. Je n'ai par ailleurs pas vraiment besoin de comparer très longtemps les deux livrets ni de les "expérimenter" pour voir en quelques minutes lequel est meilleur que l'autre pour ma discipline puisque cela tombe sous le sens en un simple coup d'oeil.
  • Il est malsain selon moi de participer à de tels travaux qui sont, selon de nombreux collègues, un moyen détourné de faire entrer dans les esprits que la polyvalence des enseignants sera quelque chose d'incontournable prochainement (lorsqu'on compare les deux livrets au sujet des disciplines scientifiques notamment).

Raisons encore plus profondes et déterminantes pour moi :

  • le rapport "Pochard" paru récemment introduit subrepticement des mesures qui seront nocives pour notre profession si elles entrent en vigueur. Ce rapport est censé "revaloriser la profession d'enseignant" et continue pourtant de la saper, semaine après semaine. Je ne souhaite pas cautionner de telles pratiques et dire amen à tout ce qui nous est demandé sans manifester la moindre protestation.
  • actuellement, de nombreux lycéens manifestent régulièrement pour les enseignants. Les médias indiquent que les enseignants "soutiennent" ces initiatives. Qu'ils les "soutiennent"... On rêve... Les enseignants doivent-ils soutenir ces manifestations ou les initier, les mener eux-mêmes ? Est-ce à nos lycéens de manifester contre la suppression de 11000 postes de profs, ou est-ce aux profs de le faire de manière plus véhémente ? De mon côté, la réponse est simple : je ne souhaite pas courber l'échine devant chacune des réformes plus ou moins fantaisistes de notre ministère et obéir aveuglément à chacune des injonctions qui nous sont données de travailler sur tel ou tel projet en plus des charges que nous assumons déjà.
  • au niveau du Ministère, des parents d'élèves ou de n'importe quel quidam, les pressions exercées sur les enseignants sont chaque jour plus fortes, que ce soit pour les tâches supplémentaires que nous devons exercer (dossiers de PPRE, dossier pour la note de vie scolaire, tâches grandissantes pour les profs principaux, etc.) ou pour les relations conflictuelles que nous devons gérer de plus en plus souvent. La fragilisation psychologique qui en résulte devient si fréquente sur l'ensemble du territoire (et à commencer par notre établissement ces derniers temps) que les pétages de plomb ou autre début de dépression deviennent monnaie courante et se banalisent, comme faisant partie des risques du métier. Et nous continuerions à accepter toutes les demandes, les unes après les autres, sans broncher, tranquillement, sans jamais protester, en bons petits soldats bien dressés ? Non, merci, sans moi, j'aurais trop honte, je ne souhaite pas ne plus pouvoir me regarder dans la glace le matin...

En conclusion, je me retire de ce "processus d'expérimentation" du livret de compétences. Dans le cas où, comme j'ai cru le comprendre, ces livrets seraient effectifs à la rentrée prochaine, je souhaite également refuser de participer à une telle mascarade. J'espère que je ne serai pas isolé dans ce cas et que la majorité des enseignants refuseront d'être de simples moutons de Panurge qui obéissent au doigt et à l'oeil. Tant que la réponse de nos inspecteurs à la lettre détaillée que j'ai pu leur lire consistera à me dire "Vous êtes un fonctionnaire !" sur un ton méprisant et condescendant (voire "On ne répond pas", comme l'avait murmuré l'un des inspecteurs durant ma lecture), tant que le bon sens ne reviendra pas dans notre ministère en privilégiant avant toute chose la baisse des effectifs d'élèves dans nos classes, tant que de telles mesures ostentatoires et inutiles seront mises en place en dépit du bon sens, dans une simple visée de communication médiatique, je ne m'impliquerai pas dans des "expérimentations" qui contribuent à dégrader notre profession. Même si je suis "fonctionnaire".

Roland Kermarec

A suivre...

24 août 2008

Tibet

Difficile de passer des Elections Cantonales à un sujet aussi sensible, complexe et grave que celui de la situation actuelle du Tibet sans paraître grotesque ou démago. Que faire ? Je n'en sais rien... Je suis évidemment incompétent pour apporter un point de vue réel sur la question. Cela ne sert sans doute à rien de dire qu'on pense à ce peuple qui souffre sous le joug chinois, sinon à se donner bonne conscience. Mais que faire d'autre ?... J'ai également signé une pétition disponible en ligne, même si je doute fortement de sa portée... Mieux vaut malgré tout exprimer sa position de citoyen que de rester silencieux...

Pétition en faveur du Tibet

Pekin_2008

P.S. : les J.O. se terminent. Je ne les ai pas suivis, par manque d'intérêt, et sans doute aussi parce que je distingue depuis quelque temps sport professionnel et activité sportive. Le dopage a depuis longtemps brisé mes illusions de gamin sur le sport, notamment en matière de cyclisme. Il est pénible d'avoir à présent ce réflexe, à chaque performance d'exception, de se dire que tel ou tel exploit n'est sans doute pas uniquement le fruit du labeur et de l'entraînement (je suis de tempérament relativement naïf, mais à titre d'exemple, les épreuves des 100 et 200 mètres en athlétisme ne soulèvent en moi aucun enthousiasme mais uniquement de la suspicion).

Sur un plan purement politique, inutile de dire que les JO me semblent un échec complet. Leur objectif était de permettre aux Droits de l'Homme d'obtenir une place plus importante en Chine. Le Dalaï Lama l'a évoqué à plusieurs reprises, les épreuves olympiques n'ont même pas fait office de trève, les Tibétains ont continué à se faire décimer dans le silence ouaté de la communauté internationale...

Tout l'été, je me suis baladé avec mon t-shirt de Reporter Sans Frontière, regrettant de ne le voir arboré par personne d'autre d'ailleurs, pas même à Toulouse ou Bordeaux où je me suis rendu plusieurs fois... Tout cela n'a sans doute pas servi à grand chose non plus, à une exception. Non seulement une foule de regards ont convergé vers le message "cadenassé" du t-shirt, mais cela a surtout donné lieu à quelques pouces levés ici et là, à quelques "bravo pour le t-shirt" ou à des discussions intéressantes dans la rue avec des "sympathisants" de cette cause. Je ne regrette donc pas mes 30 euros "d'investissement", cela vaut quand même mieux que d'avoir porté un superbe t-shirt orné du logo d'autres amis des Droits de l'Homme comme Nike.

6 avril 2008

Le "Rex", ou "Tout seul, tout est possible"

Lundi dernier, les membres du Mouvement Départemental du MoDem 47, rejoints par un certain nombre de personnes actives au cours des semaines passées, se sont réunis afin de débattre des dernières élections pour en "tirer les leçons" et en faire un "retour d'expérience". Pardon, que dis-je, un "REX", puisque c'est semble-t-il le terme officiel utilisé par les puristes et autres experts en la matière. Disons, pour faire simple, ce qui a marché et ce qui a foiré. La grande solitude ressentie par tous ceux qui se sont lancés dans cette aventure est revenue sur le devant de la scène à plusieurs reprises. Un candidat aux Municipales a souligné qu'il était essentiel, quand on a une équipe, de "briefer" soigneusement chacun des membres de cette équipe afin de ne pas commettre d'erreurs et d'être le plus efficace possible. L'avantage, quand on est tout seul, c'est au moins qu'il est un tout petit peu plus facile de se briefer soi-même et que personne ne peut ensuite venir vous faire de reproches (ou ils seraient bien reçus). L'autre avantage étant qu'on ne doit rien à personne et qu'on peut s'attribuer légitimement l'intégralité des voix que l'on a recueillies. Autrement dit, si j'ai obtenu un certain nombre de voix (allez, un test contre la maladie d'Alzheimer : combien de voix, déjà, à l'unité près, pour savoir si vous lisez mon blog attentivement ?), je ne le dois pas à quelqu'un qui serait venu faire de la retape pour mon compte : puisque j'ai tout fait moi-même, de la profession de foi au collage d'affiches en passant par les prises de contact, je suis une sorte de candidat bio sans additif, en somme.

Evidemment, le revers de la médaille, comme je l'ai souligné durant la réunion, a été le manque de temps : pour faire des devis pour les affiches, pour ne pas faire certains trucs en catastrophe, pour organiser davantage de petites réunions, pour aller voir des associations et d'autres organismes que je comptais visiter au départ. Ce manque de temps a été souligné à plusieurs reprises aussi par les autres, et c'est plutôt logique quand on sait que le MoDem venait à peine de naître, un peu comme si on demandait à un bébé en couche-culottes de passer le bac fissa, le biberon aux lèvres. Nous avons donc fait apparaître plusieurs failles, comme l'esprit d'équipe qui devra être renforcé, le manque de coordination qui a souvent été noté, la communication interne qui a fait défaut. Comme je l'ai alors indiqué, ce n'est pas parce que nous nous prononçons contre la politique de Sarkozy, dont le slogan était "Ensemble, tout est possible", qu'il faut obligatoirement en inventer un pour nous qui serait "Tout seul, tout est possible".

Chacun a également tenté de faire ressortir les points positifs, les atouts qui sont apparus. De mon côté, j'ai retenu mes relations avec la presse (pour le grand nombre d'articles que j'ai obtenus et le plaisir que j'ai ressenti à travailler avec les journalistes néracais) et, justement, le challenge qu'a représenté le fait d'avoir à se débrouiller plus ou moins seul dans des dédales auxquels je n'avais jamais songé jusque-là. Le fait d'en ressortir grandi, en quelque sorte.

arthuis

"Tout seul, tout est possible". Une maxime toute fraîche qui doit trotter dans la tête de "l'ami François" à l'heure qu'il est, au moment où il est un peu sorti d'un certain silence sur Europe 1 aujourd'hui pour protester notamment contre l'alignement de Sarkozy sur la politique de Bush en Afghanistan. Un autre de ses "amis" s'est en effet barré en le traitant quasiment d'illuminé, ou en tout cas de gourou à la tête d'une "secte" : Jean Arthuis, un sénateur parmi la trentaine qui restent, qui souhaite quitter le navire en embarquant le coffre du trésor, à savoir l'argent de l'UDF, les immeubles et tout. Il veut même mettre le MoDem à la rue sous prétexte que son siège appartiendrait à ce mouvement politique défunt et enterré, tranquille le gars : tant qu'à être gonflé, autant l'être avec culot et panache, effectivement. Le désert s'agrandit ? A ce stade-là, le Sahara, c'est le Paradis. C'est beau, l'amitié... Certains mériteraient d'avoir un "Rex" à leurs basques. Et là, je ne parle pas de "retour d'expérience".

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