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Roland Kermarec - Espoirs Démocrates
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Roland Kermarec - Espoirs Démocrates
17 mars 2008

Deux cent trois

Deux cent trois personnes. Deux cent trois. Ou 202 + 1. Le dimanche 9 mars 2008 au matin, 203 habitants du canton de Nérac se sont réveillés. Ils ont ouvert un oeil et se sont rappelés que, ce dimanche-là, il leur faudrait aller voter. Quelques-uns en avaient peut-être même rêvé. (N'exagérons rien, mais sait-on jamais.) 203. Ces 203 personnes se sont préparées. Beaucoup d'entre elles sont sorties spécialement pour cela. Certaines ont pris leur voiture, d'autres se sont rendues dans leur bureau de vote à pied. D'autres encore avaient peut-être pris la peine de rédiger une procuration, de confier la responsabilité de leur vote à quelqu'un d'autre. 203. Il pleuvait, elles ont affronté bourrasques et giboulées pour accomplir leur devoir de citoyen. Elles ont parfois patienté en se retrouvant dans des bureaux plus ou moins accueillants, plus ou moins chaleureux. 203. Elles ont regardé les cinq piles de bulletins qui se présentaient à elles pour ces élections cantonales. Cinq piles consciencieusement ordonnées sur une table, alignées au cordeau. Certaines personnes parmi ces 203 ont fait mine de prendre quelques-uns ou la totalité de ces cinq bulletins. C'est la tradition. D'autres, chez elles, avaient déjà préparé leur bulletin, celui que la Poste leur avait envoyé durant la semaine. Un bulletin qu'elles avaient soigneusement rangé dans leur portefeuille, ou leur sac à main. 203. Elles ont pris une enveloppe. Toute petite. Toute légère. Officiellement estampillée aux armes de la République Française. 203. Elles se sont rendues dans un isoloir, ont refermé le rideau derrière elles. Elles ont pris leur bulletin, l'ont sans doute regardé une dernière fois, l'ont plié et l'ont glissé dans la petite enveloppe. Elles sont sorties de l'isoloir. 203. Elles avaient vérifié, à la maison, qu'elles avaient bien sur elles leur carte d'électeur, leur carte d'identité, et elles les ont tendues aux responsables du bureau. On a indiqué leur numéro d'électeur, leur nom, on a vérifié leur identité. 203. Elles ont signé le registre d'inscription sur les listes électorales. Un autre responsable a actionné une petite manette, ouvrant la fente de l'urne électorale transparente. Elles ont glissé leur enveloppe à l'intérieur. Et un assesseur a dit "A voté". 203. Ce jour-là, le dimanche 9 mars 2008, deux cent trois électeurs et électrices se sont levés et se sont rendus dans leur bureau électoral en se disant "Aujourd'hui, je vais voter pour le MoDem, je vais voter pour Roland Kermarec". 203. Merci à chacun d'entre eux. 203 mercis.

L'un de ces 203 mercis s'adresse à moi-même, si l'on peut dire. Il est assez étonnant de se rendre dans un bureau de vote en se disant qu'on va voter pour soi-même. Se saisir d'un des 16000 bulletins et quelques, et le placer dans l'urne. La campagne se concrétise alors soudainement un peu plus qu'avant. Comme lorsqu'arrive l'enveloppe électorale qui contient les circulaires des différents candidats et que l'on est presque surpris, et en même temps assez fier, de constater que, oui, notre profession de foi est bien dans le lot également. Et de réaliser aussi que 8000 autres personnes ont reçu cette même profession de foi sur laquelle nous avons si longuement planché, avec toute notre conviction et notre désir de bien faire.

Bulletin


A priori, vous viendrait-il à l'idée de signer une liste électorale avec du bleu turquoise ? Cela pourrait éventuellement rappeler leurs années collège à certaines, et l'illusion serait parfaite en mettant non pas "les points sur les i", mais de mignons petits cercles comme autant de mini bulles ou de bouées typographiques - que ceux qui ne voient pas de quoi je parle s'emparent sans plus tarder de l'agenda de n'importe quelle ado lambda, ces petits ronds de couleur leur sauteront aux yeux. Je me demande combien de pages de "mon cher Code Electoral rouge" sont consacrées à ce nouveau problème crucial puisque, si j'ai saisi le crayon turquoise qu'on me tendait afin d'apposer solennellement mon paraphe dans la case minuscule qui m'était réservée, à l'intérieur d'une étrange "règle à trou" tenue par un responsable du bureau de vote, cela n'était nullement le fruit du hasard mais le résultat d'une mûre préméditation. Il faut donc imaginer que des experts se sont penchés sérieusement et longuement sur ce sujet et sont parvenus à des conclusions définitives et sans appel :  il est indéniable que de proposer un crayon vert pour signer un registre d'appel va vous conduire de manière irrévocable à voter... pour les Verts (logique, non ?). Il est donc tout aussi irréfutable d'estimer que, si trois semi-remorques de crayons orange avaient été distribués dans les bureaux de vote, un certain  candidat à l'écharpe tout aussi orange aurait été largement élu, et ceci dès le premier tour. Je viens donc de comprendre pourquoi, en dépit du bon sens et de l'habitude de dizaines de générations d'enseignants qui m'ont précédé, je m'obstine à refuser catégoriquement de corriger la moindre copie de mes chers élèves à l'encre rouge. Mes collègues me diraient que c'est parce que je ne fais jamais les choses comme les autres, mais pas du tout, la vérité saute aux yeux : l'encre rouge (quelle horreur, imaginez-vous ? ROUGE !!) devrait être interdite dans les salles de classe comme dans les bureaux de vote, et tous ceux qui restent dubitatifs devraient fissa faire du Code Electoral (rouge ??) leur livre de chevet.

En dehors de ces considérations graphiques vitales à propos du premier tour de scrutin, rien de bien croustillant à se mettre sous la dent, si j'excepte une portion de gâteau au chocolat que des "scrutateurs" ont eu la gentillesse de m'offrir au Saumont. Après avoir voté moi-même à l'Ecole Jean Rostand, j'avais en effet pris la décision de respecter une certaine tradition, qui consiste pour les candidats à faire la tournée des bureaux de vote afin de se présenter et de remercier les personnes qui les tiennent bénévolement. Discuter de météo ou d'autres sujets bateau est habituel quand on rencontre des personnes qu'on ne connaît pas. J'avoue que causer de la pluie et du beau temps ne m'a jamais emballé personnellement et que je m'estime parfaitement incompétent dans ce domaine de remplissage du vide discursif. En matière électorale, le sujet récurrent n'est pas la météo mais le taux de participation, meilleur au final que sur l'ensemble du territoire (un peu plus de 73%). Pour le reste, si certains élus ou bénévoles semblaient contents de faire ma connaissance ou de me revoir, d'autres me regardaient parfois en se demandant ce que je venais faire là. Du coup, effet miroir, je me le demandais aussi.

Nocturne

Que retenir de ces trois heures et 90 kms de périple, par conséquent ? Assez peu de choses. Quelques rencontres ici et là, notamment de candidats qui tenaient eux-mêmes un bureau et qu'il a parfois été agréable de recroiser. A chacun de mes passages, je demandais s'il y avait une anecdote amusante ou un incident à me raconter, mais excepté un électeur qui avait protesté parce qu'on ne lui avait pas demandé sa carte d'identité (il tenait donc absolument à ce qu'on vérifie qu'il s'agissait bien de lui, ce monsieur doit avoir un léger trouble de la personnalité ou doit absolument manquer de confiance en lui) et une électrice qui protestait parce qu'on lui réclamait cette même carte d'identité, rien de bien savoureux. Je me suis aussi renseigné  en cours de route sur toutes les procédures de clôture du vote, du dépouillement, de transmission des informations à la Préfecture, etc., histoire de parachever ma mini-formation.

Au Palmarès des bureaux de vote, pour la plupart installés dans les salles des fêtes des différents villages, j'en conserverai trois en mémoire : celui de la Salle des Cordeliers de Nérac, pour la beauté et "l'âme" du lieu ; celui de l'Ecole Maternelle Jean Moulin, au plafond superbe, orné de dizaines de faux paquets cadeaux confectionnés par les enfants et aux murs décorés par leurs travaux sans doute consécutifs à une visite du Musée du Liège de Mézin ; celui enfin du Saumont, pour un objet que je regrette absolument de ne pas avoir photographié, à savoir un isoloir en... carton, pour le moins inattendu mais totalement réglementaire, aux bonnes dimensions, avec le petit rideau, la tablette à l'intérieur pour poser les bulletins et tout et tout.

Mairie_N_rac

19h30. Une petite foule s'amasse sur l'esplanade de l'Hôtel de Ville de Nérac dans l'attente des résultats des Elections, surtout des Municipales sans doute. Je me fraye un chemin. Une ou deux personnes lâchent un "C'est le candidat du MoDem." Il faut dire qu'avec mon écharpe orange, difficile de passer inaperçu. Ce n'est pourtant pas ce que pense le vigile qui barre l'accès à la Mairie. Il me faudra quasiment aller lui montrer une de mes affiches pour qu'il consente à admettre que, finalement, j'étais sans doute effectivement candidat et, à ce titre, autorisé à franchir le seuil. Apparemment, donc, peu de chances que celui-là fasse partie de mes 203 électeurs. J'arrive donc dans la Salle du Conseil de la Mairie, là même où s'était déroulée l'épique séance de la Commission de Propagande. Peu de monde. Je n'y verrai ni la candidate des Verts, ni le candidat du PC, peut-être sont-ils passés plus tôt avant de s'éclipser. Les résultats provisoires sont en effet déjà affichés et évolueront assez peu au cours de l'heure qui suivra.

Un vidéo-projecteur présente en direct, depuis un ordinateur sur lequel travaille un assesseur, les résultats électoraux, alternativement des Municipales et des Cantonales. Je fais le tour de la salle pour m'installer non loin de l'écran avec mon petit agenda, croisant au passage M. Lacombe qui ne quitte pas son téléphone portable, hésitant entre calme et nervosité contenue, un peu pâle, faisant les cent pas en attendant une confirmation dont je n'ai pas encore pleinement conscience. Les chiffres s'affichent. Je repère les miens. Enfin, ceux d'un candidat appelé "Roland Kermalec", mais je suis habitué depuis des années à ces "mutations orthographiques" (Kernarec, Kermanec, j'en passe, il y aurait de quoi faire un concours). Evidemment, inutile de le cacher, ici comme ailleurs, ne pas avoir atteint les 5% a été une contrariété. Mais au-delà de cette "barrière technique financière", alors que j'ignorais totalement quelle serait ma réaction avant d'entrer dans cette salle (j'ai encore la faculté de pouvoir me surprendre moi-même, ce qui n'est pas forcément désagréable), j'ai finalement été bien incapable de dire si j'étais déçu ou satisfait. Il faut dire que, dans un cas comme dans l'autre, j'avais face à moi de quoi relativiser mes sentiments.

Fontaine_de_Ville

Les chiffres des dernières communes, des derniers bureaux de vote tombaient. En particulier ceux des Elections Municipales de Nérac. Au jeu des pronostics, j'avais envisagé que M. Lacombe s'impose au second tour, mais je n'avais pas pensé qu'il pourrait passer dès le premier. Et lui non plus, visiblement. Il était alors intéressant de tenter de percer son masque relativement impassible, quoique d'une extrême pâleur. Je ne le connais pas suffisamment encore pour savoir s'il peut exulter ou laisser paraître de manière évidente son enthousiasme, malgré son aspect réservé, mais son attitude avait au moins le mérite d'être digne et respectueuse envers son "adversaire". La victoire timide mais sereine, donc. En face, on hésitait entre tirer une tronche monumentale pour certains colistiers ou être groggy. Quitte à laisser passer de l'amertume ou des propos peu glorieux : M. Brunet, maire de Nérac pendant 25 ans, n'hésitant pas à dire qu'il aurait dû se représenter lui-même pour démissionner dans deux mois afin de passer le flambeau à son premier adjoint, ce qui n'était pas vraiment une vision très saine de la politique et sans doute encore moins une manière de réconforter le candidat malheureux qui, pour le coup, paraissait réellement sonné. Moments étonnants par conséquent, où j'ai probablement un peu oublié le fait que j'étais candidat moi-même pour privilégier ma position d'observateur d'un moment important de la vie politique locale.

Et puis les couloirs et les salles de la mairie se sont peu à peu dégarnis. Certains sont partis fêter leur victoire au milieu des électeurs qui leur ont réservé des vivats sur le parvis de la mairie. D'autres sont sans doute retournés chez eux pour digérer au mieux ce K.O. Et finalement, je me suis retrouvé tout seul dans la Salle du Conseil. Non pas que je tenais particulièrement à profiter en solo des lieux, même si se retrouver seul dans un bâtiment bondé quelques instants auparavant est une sensation à laquelle j'aime goûter fréquemment quand j'en ai la possibilité. Simplement, il me manquait UN résultat, et je tenais à ne pas quitter la mairie sans avoir les résultats finaux et complets des élections. La mairie de Montagnac traînait plus que de raison après le dépouillement. Et il me fallut près d'une heure d'attente pour qu'enfin le responsable des élections tapote les chiffres officiels sur son ordinateur avant de les imprimer et de me remettre un tableau récapitulatif. Mon "nouveau né démocrate" pesait donc 3.89%, avec des pointes sympas de 7.87% à Moncaut ou de 6.72% au Saumont. 3.89%. Pas de quoi pavoiser et faire la gloriole. Pas de quoi non plus faire la grise mine et piquer une dépression électorale. Comme me l'ont dit beaucoup, c'est "un bon début", une base sur laquelle on pourra construire petit à petit quelque chose de solide. Mes électeurs ne me connaissaient pas, ils ont voté pour mon programme, pour mes idées, pour mes convictions. Au fond de moi, je suis fier de chacune de ces voix. On continue. 203.

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